|
 |
 |
 |
 |
|
Cette page est une incartade au Bazar, je le reconnais mais ce sujet me tient particulièrement à cœur.
|
|
|
L'auteur |
|
|
Clément JANEQUIN est né à Châtellerault vers 1485 et est mort à Paris en 1558. Il fût nommé compositeur ordinaire du Roi. Il fût le premier bruitiste, 400 ans avant les autres. En effet, vers 1900 un courant musical fît son apparition : retranscrire les sons que l'on entendait sous forme de musique. Idée moderne pour l'époque. Certes mais Clément JANEQUIN avait déjà fait cela 4 siècles plus tôt. Ses chansons, dont la plus connue "La guerre", mais aussi "Les cris de Paris", "Les chants des oiseaux" etc... étaient un moyen pour lui de coucher sur papier et de transmettre aux gens non présents, ce qu'il entendait. On pourrait donc presque imaginer que ses chants étaient des magnétophones et que ce que l'on entends aujourd'hui en lisant ses partitions étaient de vrais sons de l'époque.
L'utilisation d'onomatopées permet cette retranscription sonore et atteint son paroxysme avec "La guerre" où une partie entière de son chant n'est que bruit d'utilisation d'arme, de cris de belligérants, d'instruments de musique présents sur le champs de bataille et de cavalcade de chevaux.
Moi qui considère que tout bruit est un son et qu'avec tout son, on peut faire de la musique, je pense sincèrement que Clément JANEQUIN a été, est et sera le plus grand compositeur de l'Humanité.
|
|
 |
 |
 |
 |
 |
 |
|
L'histoire |
|
|
La date de cette bataille est connue de tous grâce à sa cocasserie temporelle. Ce que beaucoup de gens ignorent en revanche, c'est contre qui nous avons guerroyé.
Cette bataille fût mené par François Ier contre les Suisses en 1515 à Marignan. La victoire fut en partie attribuée par l'utilisation avérée, pour la première fois dans l'histoire Occidentale, des armes à feu et tout particulièrement du canon. La guerre changea de physionomie avec cette invention enfin maîtrisée. Le canon avait déjà été utilisé dans d'autres batailles, mais son utilisation hasardeuse, le reléguait au rang d'incongruité militaire :
- Il fallait une heure pour ré-utiliser un canon (le fut trop chaud faisait enflammer la poudre quand on le rechargeait),
- Il fallait amener cet objet lourd et peu maniable à quelques mètres des ennemis,
- Sans compter qu'il tuait autant d'artilleur que d'ennemis (par explosion du canon),
- Et pour compléter le tout, la trajectoire du boulet (en portée et en angle de tir), ressemblait plus à un jeu de hasard qu'en la science exacte que sera plus tard la balistique.
|
|
 |
 |
 |
 |
 |
 |
|
La chanson |
|
|
Il s'agit sûrement de son morceaux le plus connu et il peut être labellisé sous 3 noms : "La guerre", "La bataille" ou "La bataille de Marignan". Clément JANEQUIN a voulu retranscrire ce qui c'était passé durant cette bataille. Il semblerait que l'auteur n'ait pas assisté à l'évènement et qu'il aurait écrit sous les dires des vrais spectateurs. La chanson fût publié en 1528, ce qui fait que certains historiens doutent même qu'elle se reporte vraiment à cette bataille. Laissons les experts se faire la bataille, notez le subtil effet de style. ;o)
Je vous propose de vous faire écouter cette chanson (7'09'' ; 840ko), interprétée par le Chœur Universitaire de Caen Basse-Normandie (association loi 1901), sous la direction de Didier Horry. J'ai l'insigne honneur de chanter au sein de cette chorale et d'être parmi les voix de basse de ce morceau. Notre chœur est constitué d'une quarante-cinquantaine de choriste mais malheureusement "La guerre" rend toute sa saveur pour un petit chœur. Pour des raisons de copyright, la qualité sonore a volontairement été dégradée. Pour les lecteurs, vous pouvez lire la partition de la première partie seulement (format PDF) téléchargeable ici. Puis tiens tant qu'à faire voici "La guerre" en midi. Ha bah oui, c'est du midi, du Bontempi quoi... ;o)
Si cet auteur a réussi a vous intriguer, je ne saurais trop vous conseiller d'écouter ses autres créations (dont "La guerre" en meilleure qualité*) que sont "Les chants des oiseaux" et "Les cris de Paris". En écoutant ce dernier morceau, on a vraiment l'impression de se balader en plein Paris dans le milieu du XVIeme siècle. Point n'est besoin de machine à remonter le temps, ces chansons le font très bien ; il ne manque que les sons et la vue.
*Vous pouvez acheter notre CD "In vivo 2" pour 10€ contenant pleins d'autres chants (tous styles confondus) ainsi que "La guerre". Ce CD est le programme produit lors d'une tournée d'une vingtaine de concerts au Japon en juillet-août 2001. Me contacter pour les modalités.
|
|
 |
 |
 |
 |
 |
 |
|
Un peu d'explication |
|
|
Je vous invite à tenter un peu de décortiquer ce fabuleux morceau. En effet, à l'écoute et surtout les premières fois, il peut sembler être un amas indigeste et totalement aléatoire. Pourtant sa structure est digne d'un écrit Proustien.
Cette chanson est constituée de deux parties. La première est l'appel aux armes et les préparatifs, la seconde est la bataille (avec les onomatopées simulant les sons de la bataille) ainsi que la victoire.
Prima pars :
Escoutez, tous gentilz Galloys,
La victoire du noble roy Françoys.
Et orrez, si bien escoutez
Des coups ruez de tous costez.
Phiffres, soufflez, frappez tambours
Tournez, virez, faictes vos tours,
Avanturiers, bons compagnons
Ensemble croisez vos bastons,
Bendez soudain, gentilz Gascons,
Nobles, sautez dens les arçons,
La lance au poing hardiz et promptz
Comme lyons !
Haquebutiers, faictes voz sons !
Armes bouclez, frisques mignons,
Donnez dedans ! Frappez dedans !
Alarme, alarme.
Soyez hardiz, en joye mis.
Chascun s'asaisonne,
La fleur de lys,
Fleur de hault pris
Y est en personne.
Suivez Françoys,
Le roys Françoys
Suivez la couronne
Sonnez trompetes et clarons,
Pour resjouyr les compagnons.
Secunda pars :
Fan frere le le fan fan fan feyne Imitation des trompettes
Fa ri ra ri ra
A l'estandart tost avan
Boutez selle gens d'armes à cheval
Frere le le lan fan fan fan feyne
Bruyez, tonnez bombardes et canons
Tonnez gros courtaux et faulcons
Pour secourir les compaignons
Von pa ti pa toc von von Imitation des coups et des vrombissements des flèches
Ta ri ra ri ra ri ra reyne
Pon, pon, pon, pon, Imitation des armes à feu
la la la . . . poin poin
la ri le ron
France courage, courage
Donnez des horions
Chipe, chope, torche, lorgne
Pa ti pa toc tricque, trac zin zin Imitation des coups d'épées
Tue! à mort; serre
Courage prenez frapez, tuez.
Gentilz gallans, soyez vaillans
Frapez dessus, ruez dessus
Fers émoluz, chiques dessus, alarme, alarme !
Courage prenez après suyvez, frapez, ruez
Ils sont confuz, its sont perduz
Ils monstrent les talons.
Escampe toute frelore la tintelore
Ilz sont deffaictz
Victoire au noble roy Françoys
Escampe toute frelore bigot. Bigot : par dieu, une des premières apparitions de ce mot.
|
|
 |
 |
 |
|
|